Beethoven Sonate Kreutzer

Ludwig van Beethoven(1770-1827)

Sonate en la majeur op.47 "Kreutzer" (1803)
(transcription pour violoncelle et piano par Carl Czerny)

12 variations en fa majeur op.66(1798)
sur la Flûte enchantée de Mozart

Sonate n°3 en la majeur op.69(1808)

Jérôme Ducros, piano
Jérôme Pernoo, violoncelle

Le pianiste Jérôme Ducros aime avant tout jouer de la musique de chambre, et plus particulièrement avec ceux qui partagent cet amour et "ceux avec qui le partage va de soi, avec qui les répétitions se passent en musique davantage qu'en mots" . De deux ans son aîné, Jérôme Pernoo, lauréat du concours Tchaikovsky à Moscou et du concours Rostropovitch à Paris en 1994 et du Concours de Pretoria en 1996, est pour lui un partenaire idéal depuis plus d'une quinzaine d'année. Si la Sonate à Kreutzer a inspiré à l'écrivain Leon Tolstoï un drame conjugal, c'est ici en parfaite entente musicale que les deux musiciens interprètent cette sonate que son dédicataire, le violoniste Rodolphe Kreutzer , n'a jamais joué en public, la déclarant "inintelligible" mais il est vrai qu'il s'agit ici d'une transcription pour violoncelle réalisée par Carl Czerny et ce n'est nullement le cas, le discours est ici limpide, fougueux dans les premier et troisième mouvements , plus poétique dans le deuxième mouvement qui est en fait un thème suivi de variations.
A la suite de cette sonate viennent Douze Variations sur le fameux air de Papageno de la Flûte enchantée, où l'on est loin d'un drame conjugal puisque Papageno rêve d'une femme qui l'aimerait. Enfin la troisième sonate pour violoncelle et piano qui s'ouvre sur un mouvement allegro est d'un lyrisme tendre. Jérôme Ducros a bien voulu nous en dire plus sur cet enregistrement :
Vous jouez beaucoup musique de chambre avec Jérome Pernoo, pourquoi avez-vous choisi d'enregistrer plus précisément ces sonates ?
Beethoven est un des piliers du répertoire pour violoncelle et piano. Nous jouons les sonates et les variations régulièrement avec Jérôme, depuis plus de dix ans (dès notre tout premier concert, d'ailleurs, en 1995…). Il était tout à fait naturel que nous les enregistrions. Il est par ailleurs très agréable d'enregistrer des œuvres que l'on a beaucoup jouées en concert : l'expérience offre un certain recul, une possibilité de remise à plat très bénéfiques à cet exercice singulier et au premier abord anti-naturel que représente l'enregistrement en studio.
La sonate « Kreutzer » fut dédiée par Beethoven à «l’ habile violoniste » Kreutzer qui se serait toujours refusé de la jouer la déclarant «inintelligible» … et l’on parla de cette sonate comme d’un « terrorisme musical », que pensez-vous de ces qualificatifs personnellement, vous semblent-ils justes ? Il s’agit ici d’une transcription pour violoncelle par Czerny, cette transcription est-elle très différente de l’originale pour violon et le fait qu’elle soit joué par cet instrument contribue-t-il à la rendre à votre avis plus intelligible ?
C'est un monument de la littérature pour violon et piano, et nous avons souhaité en enregistrer cette version mal connue et remarquable, que l'on doit à Czerny, grand élève et adorateur de Beethoven. Le travail de transcription est très consciencieux : ne voulant pas se contenter de baisser d'une ou deux octaves la partie de violon, Czerny a réécrit une partie de violoncelle réellement adaptée à cet instrument, n'hésitant pas à opérer des changements de taille pour y parvenir. La partie de piano est inchangée.
Cette longue sonate est en fait un corps à corps des deux instruments et l’on mesure que celle-ci doit être éprouvante à jouer tant pour le violoncelliste que le pianiste : comment vivez-vous personnellement son interprétation ?
Si, parmi toutes ses œuvres de musique de chambre, je devais en choisir une pour présenter Beethoven à quelqu'un qui ne le connaît pas, je pense que je choisirais cette sonate. Elle semble paraphraser à la perfection la personnalité de son auteur. Les contrastes y sont plus violents que jamais, la lutte intérieure entre ce qui est et ce qui devrait être atteint son paroxysme. L'exécution est en effet très éprouvante, et exige des changements d'état constants. Beethoven indique qu'il a écrit cette œuvre " in uno stilo molto concertante, quasi come d'un concerto ". La musique n'est plus du tout " de chambre ". Elle n'aura jamais aussi peu adouci les mœurs.
Il est indiqué sur le livret, au sujet de la sonate n°3, et généralement considéré que c’est la première fois dans l’histoire qu’un compositeur utilise le violoncelle d’égal à égale avec le piano mais n’était-ce pas déjà le cas pour la sonate Kreutzer écrite il est vrai pour le violon à l’origine ? Pouvez vous expliquer brièvement le rôle particulier du piano dans celle-ci ?
La troisième sonate est certainement la plus équilibrée des cinq, la plus jouée probablement, pour cette raison. Les deux premières ont encore un pied dans le XVIIIe siècle, le violoncelle y accompagne souvent une partie de piano assez concertante. Les deux dernières, d'un opus tardif, représentent plutôt le style du dernier Beethoven, plus aride, plus rêche. Quoique d'une facture magnifique, elles ne se soucient pas de mettre en valeur les instruments ou les instrumentistes, leur abord est plus difficile.
Beethoven a composé deux séries de variations à partir de la Flûte enchantée de Mozart, dont celle qui figure sur votre disque que pensez-vous de cette démarche ?
Les variations sur la Flûte Enchantée sont un passage de relais formidable : quand Beethoven arrive à Vienne en 1792, où les initiés portent encore le deuil de Mozart (" recevez des mains de Haydn l'esprit de Mozart " lui prescrit l'inconsolable Waldstein, dans une lumineuse prophétie), cet opéra est encore à l'affiche, et le jeune compositeur, comme c'était courant encore à cette époque, compose deux séries de variations sur des airs qu'il affectionne. Quand on sait l'importance que revêtira par la suite la forme variations chez Beethoven, on n'en est que plus attentif à ses premières expériences. ?
À quoi attachez-vous le plus d'importance dans votre interprétation des œuvres de Beethoven et quel travail particulier vous demande ce compositeur ?
La difficulté principale à laquelle est confronté l'interprète de Beethoven réside dans l'équilibre à trouver entre objectivité et subjectivité. Le normal côtoyant souvent l'anormal chez lui, il convient de les dissocier. Ne pas chercher à montrer Beethoven à chaque note, et ne pas chercher à le cacher quand il surgit. Une vision rétrospective de son œuvre peut parfois nous pousser à chercher où se cache la Hammerklavier dans les premières sonates, à deviner les prémisses de La grande fugue dans les premiers quatuors : intellectuellement tentant, mais dans la réalisation, dangereux et parfois malhonnête. C'est ce que Raymond Aron appelle " l'illusion rétrospective de la fatalité ".
Les écrits de Czerny sur l'interprétation de Beethoven (certes, ça n'est pas la parole de Beethoven lui-même, mais l'inestimable témoignage, quoique tardif, d'un de ses plus grand élèves) sont parfois assez déroutants : on y lit que les forte ne doivent pas être toujours subito, mais précédés d'un crescendo, que les seconds thèmes doivent se jouer dans un tempo plus lent que les premiers… Une saine remise en question de nos habitudes !
Quels sont vos prochains concerts ?
· 24 octobre 2009 , salle Gaveau : Carte Blanche à Philippe Jaroussky
· 26 octobre 2009 , Palencia, Espagne : Mozart, Bruch, Hummel, avec Gérard Caussé
· 6, 7 et 8 novembre 2009 : La Baule, moments musicaux (Schumann, Chopin, Mendelssohn)
· 30 novembre 2009 : Münich, avec Renaud Capuçon

Pour écouter avec l'aimable autorisation du label Ligia Digital
1er mvt Adagio sostenuto -Presto de la Sonate op.47 "Kreutzer" de Beethoven
par Jérôme Ducros et Jérôme Pernoo
cliquez sur le triangle du lecteur ci-dessous

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Pour en savoir plus sur le pianiste Jérôme Ducros ...cliquez ici (autre interview sur son parcours )

Pour en savoir plus sur le violoncelliste Jérôme Pernoo et plus particulièrement cet enregistrement visitez son site internet, un labyrinthe certes mais où c'est un réel plaisir de se perdre... je vous conseille de visiter les splendides "jardins", notamment dans "l'atelier" un "jardin" est consacré à Beethoven...cliquez ici

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