Mendelssohn Oeuvres pour violoncelle et piano

Felix Mendelssohn (1809–1847)
Œuvres pour violoncelle et piano

Sonate n° 1 pour violoncelle et piano en si bémol majeur op.45
Sonate n°2 pour violoncelle et piano en ré majeur op.58
"Romance sans parole" en ré majeur op.109
"Albumblatt" pour violoncelle et piano op. 117
"Variations concertantes" pour violoncelle et piano en ré majeur op. 17

Dana Ciocarlie, piano
Sébastien Van Kuijk, violoncelle

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Felix Mendelssohn le label Intrada a choisi de produire un enregistrement consacré aux oeuvres pour violoncelle et piano du grand compositeur romantique allemand. Le duo qu'il a choisi pour cette interprétation, la pianiste Dana Ciocarlie et le violoncelliste Sébastien Van Kuijk, s'avère un remarquable ambassadeur de cette musique très contrastée dont il donne une interprétation passionnée, d'une très grande vivacité et qui en exalte merveilleusement toute la beauté lyrique. Si l'on connaît bien Dana Ciocarlie (voir ici la page qui lui est consacrée sur pianobleu.com) l'on découvre ici Sébastien Van Kuijk, notamment lauréat du concours Rostropovitch, et Dana Ciocarlie qui ne manque pas d'éloges à son égard a bien voulu nous en dire plus sur son partenaire ainsi que sur cette intégrale :
Comment avez-vous rencontré le violoncelliste Sébastien Van Kuijk et comment est née cette idée de disque ?
J'ai rencontré Sébastien il y a 6 ans, lors d'un concert à la fondation Polignac. Il n'avait que 20 ans, mais j'ai été tout de suite impressionnée par sa maturité, sa passion. C'était déjà un jeune maître; nous avons joué au moins une trentaine de concerts depuis, et mon admiration a été à chaque fois renforcée. Ce disque, le premier pour Sébastien (et le huitième pour moi) est donc le prolongement naturel d'une collaboration de longue date. Quand Florent Gaume nous a proposé cette intégrale Mendelssohn, pour le label Intrada, il nous a semblé que c'était là l'occasion d'exprimer notre penchant commun pour la musique romantique et passionnée.
Mendelssohn eut un jugement sévère sur sa sonate pour piano et violoncelle n°1 écrivant à un ami « elle ne vaut pas grand chose », personnellement que pensez-vous de cette sonate ?
Moi j'ai une tendresse particulière pour cette sonate et je pense que Mendelssohn était dans un état d'esprit particulièrement sombre en écrivant cette appréciation. La première sonate a une forme atypique, car elle n'a pas véritablement de mouvement lent. Elle est en trois mouvements, mais ils sont très développés. Le deuxième mouvement est à la fois un menuet et un scherzo, et cela semble, à l'écoute, très équilibrée. Ce n'est pas un hasard si Brahms reprendra, quelques dizaines d'années plus tard, le même canevas formel dans sa première Sonate (dont le deuxième mouvement est aussi un croisement - cette fois-ci entre un menuet et une valse). Comme la Sonate en mineur de Brahms, la première de Mendelssohn me semble un hommage au passé, avec ce premier mouvement très polyphonique, le menuet très nostalgique, presque immatériel , et le beau thème du troisième mouvement qui fait penser à Schubert.
La seconde sonate écrite cinq ans plus tard semble encore plus foisonnantes d’idées...
La Seconde Sonate est, sans conteste, le sommet de la création de Mendelssohn pour violoncelle et piano et, finalement, la grande sonate manquante romantique, qui fait le lien entre celles de Beethoven et celles de Brahms (il y a bien sur la sonate "Arpeggione" de Schubert, mais elle n'était pas destinée spécifiquement au violoncelle). Je dis "manquante", car elle est beaucoup moins connue de public.
Le premier mouvement est d'un seul tenant, un grand geste exubérant, emporté, fougueux. Le second est un scherzo très ample (souvenir sans doute du "Songe d'une nuit d'été") tour à tour mystérieux, espiègle, nostalgique. Voilà une sonate avec un beau et grand mouvement lent, très original. Il s'agit d'un mouvement "oecuménique", car il fait dialoguer un choral protestant pianistique, tout empreint de solennité, et un récitatif hassydique éloquent et déclamé; et à la ré-exposition il les superpose dans un apaisement plein de noblesse. Et le Rondo final est un morceau extrêmement virtuose pour les deux instruments, un véritable tourbillon musical.
Mendelssohn disait qu’il préférait écrire de la musique de chambre plutôt que composer pour piano seul, le ressentez-vous dans ses œuvres, et jouez-vous aussi certaines de ces œuvres pour piano seul, lesquelles aimez-vous ?
Je crois que les pianistes ne peuvent pas se plaindre de négligence de la part de Mendelssohn. Rien que les huit cahiers de Romance sans paroles (de Six Romances chacun) sont des chefs d'oeuvre de la musique romantique. J'aime jouer deux cahiers entiers, op. 30 et op. 62 (avec notamment le fameux Chant du printemps). Les Variations sérieuses op. 54 sont des "madeleines de Proust" pour moi : je les joue depuis l'âge de 14 ans et elles m'ont accompagnée lors de concours internationaux et même pour mon premier récital au Festival de La Roque d'Anthéron !
Je joue aussi volontiers le Premier concerto pour piano, ainsi que le Double Concerto pour piano et violon.
Le thème et les huit variations des « Variations concertantes » furent écrites dès 1827 par Mendelssohn pour son frère violoncelliste amateur âgé de 14 ans, le pianiste semble avoir un rôle qui ne se limite pas au simple accompagnement...
Ces très belles Variations, qui me font penser, bien évidemment, aux Variations sérieuses pour piano, sont injustement méconnues du grand public. Elles sont véritablement redoutables pour le piano, comme d'ailleurs les deux Sonates, mais elles possèdent surtout un charme exquis et une grande variété. Il y a même une variation "tzigane"!
La gageure à relever dans ces variations est de ne pas faire sentir la difficulté et la virtuosité, de rester dans la transparence des elfes du "Songe d'une nuit d'été".
Votre disque comporte également deux romances sans paroles l’une écrite par Mendelssohn (op.109) et l’autre une transposition par Alfredo Piatti, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces œuvres ainsi que sur Ablumblatt ?
La Romance sans parole est la signature même de Mendelssohn, la petite forme qu'il a été le premier à imaginer, et dans laquelle il se sent le plus libre. C'est une chance pour les violoncellistes d'avoir cette belle Romance, très chantante et de surcroît très développée, à leur répertoire. On peut aisément imaginer les paroles qui manquent dans ce chant serein et noble.
Sébastien cherchait un oeuvre très recueillie pour la fin du disque, qui serait un hommage à son meilleur ami, décédé très jeune - nous avons trouvé la transcription de Piatti d'une Romance pour piano, dans la même tonalité que celle originale pour violoncelle - Ré Majeur. C'est un Adagio quasi religieux, extrêmement émouvant.
L'Albumblatt (Feuillet d'Album, titre plutôt schumannien...) est une page fugace, une esquisse que Mendelssohn a interrompue d'une façon assez mystérieuse sur un accord de dominante.
Quels sont vos prochains concerts et autres actualités permettant de vous entendre prochainement  ?
Jeudi 15 octobre 2009
récital Salle Cortot, Paris (à l'occasion de la sortie du CD Mendelssohn chez Intrada)
12h30
Schumann - Fantasiestücke op. 12 pour piano seul (extraits)
Mendelssohn - Variations concertantes pour violoncelle et piano
Romance sans parole en Ré Majeur pour violoncelle et piano
Deuxième Sonate en Ré Majeur pour violoncelle et piano
Avec Sébastien van Kuijk, violoncelle
Vendredi 23 octobre 2009, de 18h à 19h
"Le Magazine", émission de France-Musique, en direct et en public depuis le studio 119 de la Maison de Radio France, et présentée par Lionel Esparza. Extraits des deux Sonates pour violoncelle et piano de Mendelssohn avec Sébastien van Kuijk.
Vendredi 20 novembre de 10h30 à 12h00, diffusion de l'émission "Le matin des musiciens" sur France-Musique, présentée par Jean-Pierre Derrien, consacrée au Concerto en la mineur de Robert Schumann
Lundi 23 novembre 2009
récital au Théâtre de l'Européen,
Paris, Place de Clichy
20h30,
A l'occasion des 40 ans de l'organisation humanitaire SURVIVAL
Programme de Danses d'Europe Centrale: Bartok, Janacek, Liszt, Enesco, Dvorak
Mardi 1 décembre 2009
Monaco
Théâtre des Variétés Concert - Hommage à Georges Enesco
Enesco : Première Rhapsodie Roumaine et Deuxième suite pour piano, ainsi que des Mélodies
Du 8 au 11 décembre 2009
Tournée en Jordanie, avec Sébastien van Kuijk
Pour écouter avec l'aimable autorisation du label Intrada
1er mvt Allegro assai vivace de la Sonate op.58 de Mendelssohn
par Dana Ciocarlie et Sébastien Van Kuijk
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