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Schumann Edna Stern
Schumann
Edna Stern
Si la Fantaisie opus 17 de Schumann, enregistrée avec autres
premières œuvres sur ce disque, se voulait un hommage
du compositeur à Beethoven, la jeune pianiste Edna Stern,
a quant à elle pensé ce disque comme un hommage à
Schumann, avec lequel elle a toujours ressenti des affinités
particulières.
Afin d'ajouter une dimension supplémentaire à son
programme elle a choisi d'associer une œuvre de Mendelssohn(prélude
et fugue opus35) dont un commentaire rédigé par Schumann
lui-même est fourni dans le livret selon les vœux d'Edna
Stern afin de contribuer par ce bel album, édité par
le label Zig Zag Territoires, à une meilleure compréhension
de la musique de Schumann par ces propres écrits sur la musique.
Le texte et la musique, permettent ainsi une approche multiple de
son univers...multiple.
Ainsi le premier opus, composé par Schumann à l'âge
de 20 ans, " Variations" qu'il dédia à la
Comtesse imaginaire "ABEGG" dont chaque lettre du nom
correspond à une note du thème témoigne de
l'ambition de Schumann de mettre le piano au service d'un discours
musical fluide, plein de charme et noblesse.
Si les premières compositions sont destinées au piano,
le musicien a la particularité de faire résonner l'instrument
comme un orchestre. Les "Études symphoniques" opus
13, au nom significatif, témoignent aussi selon les propos
d'Edna Stern de la "manière dont il transcende le
piano grâce à une extraordinaire densité de
l'écriture, résultat qu'il atteint d'ailleurs par
l'exploitation de certaines difficultés techniques"
mais aussi en transférant au piano un mode d'expression
musicale caractéristique d'un instrument de l'orchestre et
en utilisant des registres séparés et indépendants
qui dialoguent". Le thème suivi de 11 variations
d'une grande profondeur et d'un Finale au caractère très
vif explose tel un feu d'artifice aux innombrables couleurs sous
les doigts d'Edna Stern. L'enregistrement, dans une église,
offre une réverbération et résonance particulière
qui en accentue les différentes dimensions et le caractère
orchestral.
"Ruines", "Arc de triomphe", "Constellations"
tels étaient les noms poétiques que Schumann attribua
aux trois mouvements de la Fantaisie op17, à l'origine "Sonate
pour Beethoven", écrite en 1836 , année où
le compositeur fut séparé de Clara Wieck par la volonté
du père de celle-ci. "Le premier mouvement est ce
que j'ai écrit de plus subtil ; c'est ce que j'ai écrit
à cause de toi" expliquera-t-il deux ans plus tard.
Une œuvre où Schumann livre musicalement les sentiments
de sa passion. Si Clara Schumann aimait particulièrement
le second mouvement où il parait évident que Schumann
est prêt à tout pour reconquérir sa bien-aimée
et dans lequel elle voyait "un cortège triomphal
de guerriers au retour du combat", le dernier mouvement,
lent et méditatif est particulièrement émouvant.
Selon Schumann, commentant l'opus 35 de Mendelssohn, "la
meilleure fugue est celle que le public...prend en quelque sorte
pour une valse de Strauss ; en d'autres termes dont l'ingénieuse
racine est cachée comme celle d'une fleur, de façon
que nous ne voyons que la fleur" ...n'est-ce point là
aussi une invitation à ne pas chercher les secrets de construction
de la musique mais à se contenter de l'apprécier,
et plus particulièrement dans sa dimension imaginaire et
de rêverie, et en cela le talent de Schumann à porter
l'auditeur est incontestable ! Celui d'Edna Stern, interprète
au toucher velouté et au jeu d'une grande fluidité,
l'est également.
Ecoutez la huitième des études
symphonique de Schumman, interprétée par Edna Stern
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- Agnès Jourdain
