Piano des lumières
de Bach à Mozart
Edna Stern, piano
Baldassare Galuppi (1706-1785) :
Sonates en do et ré mineur,
JS Bach (1685-1750) :
Fantaisie en do mineur BWV 906,
Joseph Haydn (1732-1809) :
Cappricio en sol majeur "Acht Sauschneider müssen sein" Hob. XVII,
CPE Bach (1714-1788) :
Fantaisie en fa dièse mineur Wq. 67),
WA Mozart (1756-1791)
Douze Variations" Ah, vous dirais-je Maman" KV 265. Joseph Haydn : Andante et variations en fa mineur Sonata - un Piccolo Divertimento Hob. XVII:16)
Cet enregistrement est le résultat d'une longue réflexion de la pianiste Edna Stern pour répondre à son interrogation : " Comment les prédécesseurs de Mozart ont-ils composé avec le rejet du style baroque alors que le style classique n'avait pas encore vu le jour et au moment où aucun paradigme de structure classique n'existait encore ?" . C'est le troisième disque publié par le label Air note, label créé par la pianiste Racha Arodaky qui , après ses deux propres disques, consacrés à des oeuvres de Bach et Haendel, a donc permis à cet enregistrement de voir le jour, et prendre son envol jusqu'à nos oreilles...
D'envol, il en est question dans les propos de présentation de ce disque, par Edna Stern elle-même, puisque explique-t-elle dans le livret, une phrase de Paul Valéry lui est venu à l'esprit : " Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume" pour expliquer la différence entre le compositeur classique "l'oiseau" et le compositeur pré-classique : "la plume", indiquant que les compositeurs pré-classiques ont été guidés par la nécessité d'alléger et de simplifier la musique baroque, en l'absence bien évidemment d'une structure définie par la suite par la musique classique : " la légèreté était assujettie à l'affect , tel une plume, soumise au temps et à l'humeur du moment. En revanche Mozart , dont l'écriture se basait déjà sur une structure définie , semble composer avec la légèreté de l'oiseau, dirigé donc avant tout par la conscience de la structure". Elle explique que la différence la plus notable entre le style baroque et le style classique est la simplification du langage et de la polyphonie, passant ainsi de plusieurs discours à un seul discours , une voix, accompagnée par une autre qui est soumise au discours principal. L'autre différence principale se situe dans la forme et la structure des pièces qui convergent toutes vers ce "grand idéal classique" qu'est la sonate ...
Quant au titre " Piano des Lumières" , il fait référence au siècle des "Lumières" durant lequel eu lieu un mouvement culturel de philosophes afin de combattre les "ténèbres de l'ignorance" par la diffusion du savoir, et ici plus particulièrement du mathématicien/physicien Isaac Newton, célèbre pour sa loi de l'attraction universelle, qui inspira Voltaire, et dont selon Italo Calvino : " On pourrait dire que que dans les théories Newtoniennes, ce qui interpelle le plus l'imagination ce n'est pas le conditionnement de toute chose à inévitabilité de son propre poids, mais bien cet équilibre entre les forces qui permet aux corps célestes de flotter dans l'univers".
C'est de manière fortuite qu'Edna Stern a connu les oeuvres de Baldassare Galuppi et, elle fait part de son étonnement que ce compositeur dont la musique évoque souvent celle de Mozart puisse être autant ignoré aujourd'hui, vous pourrez écouter plus bas dans cette page le premier mouvement de la sonate en do mineur , et il en a écrit plus d'une cinquantaine , c'est dire s'il y a là un vaste terrain à découvrir encore, il est vrai que ce compositeur, contrairement à son contemporain Mozart, a très peu voyagé et à l'écoute des deux sonates qu'offre Edna Stern dans ce disque, on peut aussi penser que cela a peut-être contribué à sa moindre notoriété, et par contre Mozart le rencontra en Italie.
Edna Stern qui enseigne au Royal College of music de Londres depuis 2009, fait "sortir des ténèbres de l'ignorance" ce compositeur par le partage de la découverte de ses oeuvres, et nous éclaire, par son analyse personnelle convaincante, sur cette transition du style baroque au style classique, dans ce disque original, très pédagogique, qui fait parvenir à nos oreilles deux sonates de Galuppi, ainsi que des oeuvres très connues, mais avec un autre éclairage (décidément que de lumières !), ainsi les célèbres Variations de Mozart "Ah vous dirai-je maman" dont on comprend mieux le contexte. Elle en exalte la luminosité, ceci notamment grâce à une prise de son particulière qui permet d'entendre les détails de l'articulation et du contact du marteau sur la corde du piano, des caractéristiques qui surprennent effectivement par leur légèreté, et en l'absence de réverbération artificielle, bien que jouées sur un piano moderne, les notes sonnent avec une clarté peu habituelle à nos oreilles du 21ème siècle, clarté très agréable également par sa douceur paradoxalement ouatée et nullement métallique. Une clarté qui provient aussi bien évidemment du talent de cette pianiste , ici dans un de ses répertoires de prédilection où elle met en application plus particulièrement les conseils de l'un de ses maîtres, Krystian Zimerman, qui lui expliquait fréquemment qu'il est important de porter une attention particulière au contact des doigts sur le clavier mais aussi sur la corde.
Prochains concerts de la pianiste Edna Stern :
16 novembre 2013 : Théâtre Impérial de Compiègne, Concert dans le cadre de sa résidence
Programme : Concerto de Mozart K. 491 avec Debora Waldman et l'Orchestre Idomeneo
17 novembre 2013 : Théâtre du Vésinet
Programme : Concerto de Mozart K. 491 avec Debora Waldman et l'Orchestre Idomeneo
22 novembre 2013 : Auditorium de Maisons Alfort Programme : Concerto de Mozart K. 491 avec Debora Waldman et l'Orchestre Idomeneo
4 décembre 2013 : Palais des Bozar, Bruxelles Programme : Piano des Lumières
8 décembre 2013 : Théâtre Arcachon Programme : Récital Chopin/Beethoven
Pour écouter
Baldassare Galuppi (1706-1785)
Edna Stern, piano
avec l'aimable autorisation
du label Air Note
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ci-dessous
- Agnès Jourdain
Piano des lumières
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