La sonate de l’assassin Jean Baptiste Destremau

Jean-Baptiste Destremau
Sonate de l'assassin

Jean-Baptiste Destremau, a 40 ans, joue du piano depuis l'enfance, et est l'heureux possesseur d'un Steinway 1947. La sonate de l'assassin, est son premier roman mais il a commencé à écrire des nouvelles depuis l'âge de 18 ans dont certaines ont gagné des concours.
L'idée de ce roman, un thriller psychologique dont le "héros", Laszlo Dumas, est un pianiste psychopathe criminel, lui est venue à l'automne 2007, il voulait parler d'un personnage qui se contraint à une ascèse de vie et à une terrible expérience pour percer le mystère de son propre génie. Il voulait confronter cet être d'exception à l'expérience humaine qu'il n'avait jamais connue : une femme, un enfant, l'amour. Et observer ses réactions. La fissure de l'édifice mental qu'il s'était bâti...Pour écrire ce roman Jean-Baptiste Destremau a adopté la structure d'une sonate où s'entremêlent plusieurs voix : celle du pianiste, de son agent, d'une femme et son enfant. Place à sa propre voix, il a bien voulu répondre à quelques questions autour de ce livre :
Ce roman est votre premier roman, avez-vous une autre activité professionnelle que celle d'écrivain ?
Je suis ingénieur de formation, et j’ai travaillé une quinzaine d’années, en Europe et en Asie, dans le domaine financier. J’ai pris un congé sabbatique de mon entreprise pour écrire un roman, et tenter de le publier. « Sonate de l’Assassin » en est le résultat.
Quels sont les thèmes des principales nouvelles que vous avez écrites auparavant, avaient-elles aussi parfois un lien avec la musique et étaient-elles aussi à caractère policier ou psychologique ?

Aucune de ces nouvelles ne portait sur la musique, ou alors indirectement. Les sujets en étaient très variés : poésie, peinture, politique fiction, aventure, vin… Je n’ai jamais écrit de nouvelles policières, par contre certains récits avaient nettement un caractère psychologique. Dans le roman, c’est la première fois que je m’attaque au genre thriller.

Quelles sont les biographies de pianistes que vous avez lues pour réaliser ce livre et quels sont les pianistes qui vous ont le plus inspiré pour créer votre personnage de Laszlo Dumas ?

Je citerai quelques livres qui ont été mes lectures pianistiques, au cours de l’écriture de ce roman, et ont pu avoir une influence sur la construction des caractères et les habitudes pianistiques de mon (anti) héros. « La vie de Liszt est un roman » de Harsanyi, « Corps et âme » de Conroy pour les romans, « Chopin » de Alain Duault ; « Beethoven » de M. Solomon, « Appassionata » de Tubeuf, une biographie de Claudio Arrau, pianiste chez lequel on peut retrouver un certain nombre de points communs avec Laszlo Dumas, notamment sur la Hammerklavier comme entraînement quotidien ou sur les exercices au-delà du tempo, exagérant les nuances, mais aussi sur son expérience difficile lors d’un premier concert à New-York etc.…, les « Conversations avec Glenn Gould » et « le dernier puritain » de Bazzana, pour explorer les excentricités et la quasi folie de ce pianiste, son monde intérieur, son côté puriste, sa relation avec le public, qui le rapprochent de Laszlo Dumas. Il y a notamment un dialogue entre Rubinstein et Gould, où Rubinstein explique qu’il se nourrit du public lors des concerts, et enrichit son jeu par la communion avec les spectateurs, alors que Gould les détestait (au moins comme groupe), notamment pour leur attention particulière aux fausses notes (…), et a fini par ne plus donner de concerts. Je pourrai aussi citer un livre passionnant « Conversations » de Meyer-Josten, qui recense des entretiens avec une douzaine de grands interprètes du 20ème siècle, et fait apparaître leur personnalité, et « l’Art du Piano » de Neuhaus

Laszlo Dumas, qui se sent exister dans le monde virtuel, tient un blog sur le métier de pianiste, tient aussi lui-même à jour son site officiel, et fréquente les forums ? Etes-vous aussi allé sur nombreux sites internet et blogs de pianistes et forums de musique ?

Pour Laszlo, Internet est sans doute un moyen de combler un manque de relations sociales. Il s’y encanaille en ayant des relations gratuites et sans conséquence (croit-il). Je n’ai pas fréquenté moi-même ces forums ou blogs de pianistes pendant l’écriture du roman. J’aurais dû le faire… C’était plutôt pour moi un procédé romanesque. Depuis que le roman est sorti, il m’arrive parfois de fréquenter certains forums et je découvre que la passion du piano s’exprime aussi sur le réseau. Notamment sur votre site !

Vous êtes vous-même pianiste amateur et avez éprouvé le besoin de jouer pendant la période d’écriture de votre livre, avez-vous alors joué précisément certaines des œuvres jouées par Laszlo Dumas(Hammerklavier de Beethoven , Partita de Bach, Première sonate de Brahms, Tic toc choc de Couperin, Préludes de Chopin, Islamey de Balakirev, Les Vingt Regards sur l'enfant-Jésus de Messiaen…) ou d’autres œuvres, et pour quelles raisons avez-vous sélectionné plus particulièrement ces œuvres  ?

J’ai parfois choisi les œuvres jouées par Laszlo Dumas pour des raisons de difficultés techniques (Islamey, de Balakirev) mais surtout par intérêt pour ces œuvres. Je suis un passionné des partitas de Bach, je joue les 1 & 2. J’adore les dernières sonates de Beethoven, surtout dans leurs passages rythmés presque jazz, mais ne les ai pas jouées. J’ai joué le tic toc choc, et découvert récemment les vingt regards… La Hammerklavier venait de la pratique d’Arrau décrite plus haut. Le concerto de Schumann est une merveille…
Il est vrai que pendant l’écriture du roman, me remettre à jouer a été une véritable nécessité, pour essayer de me plonger dans les bons côtés du personnage de Laszlo et dans le travail quotidien des pianistes. A titre d’anecdote, durant cette période, j’ai monté avec un ami professionnel la sonate pour 2 pianos de Mozart K521, pour un petit concert privé entre amis. Histoire de ressentir la pression de l’interprète en public et d’avoir à travailler tous les jours…

Outre des compositeurs et des oeuvres, quelques véritables interprètes sont mentionnés dans votre livre : François-René Duchable, Lang Lang, Claudio Arrau…pourquoi ceux-ci : sont-ils des interprètes que vous appréciez particulièrement ? Quels sont vos interprètes favoris, vos éventuels « disques de chevet » ?

J’ai une connaissance très incomplète des interprètes mais mes favoris sont Richter, Gould, Lipatti, Arrau. J’ai choisi Duchable pour l’histoire du piano jeté dans le lac, Lang Lang pour avoir un jeune concurrent brillant à Laszlo Dumas. On est dans le romanesque, et je devais faire exister une cohorte de concurrents présents, passé ou futurs à Laszlo. La scène où tous ces fantômes l’acclament à Carnegie Hall montre qu’il se place sur un rang supérieur.
J’ai un faible pour Chopin par Arrau, Bach par Gould, Beethoven par Richter, la première partita par Lipatti, les concertos de Mozart par Perahia, Schubert et les dernières de Beethoven par Brendel, les sonates de Mozart pour 2 pianos par Britten & Richter, et tant d’autres…
Laszlo Dumas est très sensible à la critique tant du public que de la presse, deux de ces victimes, les critiques musicaux Alphonse Révard et Joseph Artman vous ont-ils aussi été inspirés à la lecture de critiques particulières ? Que pensez-vous personnellement des critiques musicaux et des critiques littéraires ?

Non, il s’agit encore d’un exercice purement romanesque. La critique est propre à exacerber les névroses de Laszlo Dumas et à le faire passer à l’acte. Je n’aime pas, en musique comme en littérature, les critiques qui tendent à mettre les interprètes où les œuvres dans des boîtes. Quand c’est le critique qui crée la norme, l’art peut être détourné de sa fonction première. Dans le roman, Alphonse Revard a crée un code en accordant des notes aux interprétations qu’il critique. Il cherche à enfermer les artistes dans son système. En littérature, je n’aime pas non plus les critiques qui dénigrent systématiquement une œuvre sous prétexte qu’elle est populaire.

Laszlo Dumas ne joue « comme un génie » que lorsqu’il tue ou aime, pour vous la musique est-elle avant tout un partage d’émotions ?

Oui. Je crois vraiment que le dilemme de Laszlo Dumas, avant qu’il ne découvre son génie, est assez universel chez les artistes. Faire passer ce que l’on ressent à travers son art. Ou pourquoi jamais les robots ne donneront de concerts…

Votre livre est à quatre voix et est construit comme une sonate, pourquoi était-il important pour vous que la forme littéraire recoupe la forme musicale, et vous a-t-il été difficile d’écrire en suivant ces contraintes ?

C’était à la fois un jeu et une exigence personnelle. Il se trouve que j’ai d’abord trouvé le titre, avant de commencer l’écriture. Si le roman s’appelait « Sonate », il devait s’en rapprocher le plus possible. Une fois pris dans le jeu, j’ai tenté d’en préserver l’intégrité. Cette sonate, c’est moi, écrivain, qui l’ai composée, à plusieurs voix, selon un schéma classique, et qui l’interprète. Mais par un jeu de miroirs, il y a aussi la sonate intérieure de Laszlo, qui est la véritable « sonate de l’assassin ». À moins que ça ne soit la 31ème de Beethoven qu’il joue à New-York, le visage crispé, traversé par des rictus, des mimiques de terreur… La polyphonie était un parti pris dès le projet du roman, je voulais que ces différentes voix créent des respirations dans le texte. Donnent des éclairages différents de l’histoire. La structure sonate s’adaptait bien au style et à la chute du roman. Exposition, Développement, Réexposition, Coda… J’ai construit le plan selon ces contraintes, et l’écriture n’en a pas souffert par la suite.

Vous avez eu des contacts avec des producteurs de cinéma, un projet de film est-il en train de se concrétiser ?

Nous essayons de trouver un projet pour l’adapter. J’ai rencontré plusieurs producteurs au dernier salon du livre. Mais rien de concret pour l’instant.

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