Les
Concerts de Valmalète ont annoncé hier le décès
de la pianiste Brigitte Engerer, survenu ce 23 juin 2012 à Paris
et fait part de leur fierté d'avoir été à
ses côtés tout au long de sa carrière.
"Aujourd'hui, le monde musical porte le deuil de cette Grande
Dame. Elle restera inoubliable et nous manquera profondément."
Oui elle manquera, outre les déclarations du Président
François Hollande : "C'est avec beaucoup de tristesse
que j'apprends le décès de Brigitte Engerer. Pianiste
de réputation internationale, elle avait su faire honneur à
la France et faire partager son talent",
du Premier ministre Jean Marc Ayrault "Cette artiste de réputation
internationale, qui avait étudié le piano à Moscou,
avait illuminé les Folles journées de Nantes, dès
leur origine et jusqu'en 2012, et enchanté les spectateurs du
Théâtre des Champs-Elysées il y a quelques jours
encore avec le concerto pour piano de Schumann. Elle avait su renouveler
l'interprétation de Chopin, de Schubert et celle de Rachmaninov
avec son complice Boris Berezovsky. Son interprétation des concertos
pour piano de Saint-Saëns restera comme l'une des grandes révélations
pianistiques de ces vingt dernières années.",
et de la ministre de la culture Aurelia Fillipetti "La disparition
de Brigitte Engerer laisse la musique orpheline de l'une de ses plus
grandes interprètes tant la pianiste française était
un être humain exceptionnel au-delà de l'immense virtuose
acclamée dans les salles du monde entier",
sur facebook et twitter nombreux musiciens, responsables de salles de
concerts, journalistes... font part de leur émotion, il serait
beaucoup trop long de tout rapporter.
Pianobleu.com a eu le plaisir de voir cette pianiste une dernière
fois en concert lors de la folle Journée de Nantes en janvier
2012, un lieu où l'on pouvait la voir chaque année, ainsi
qu'à la Roque d'Anthéron où elle sans nul doute
grande absente cette année. Cette folle journée de Nantes
était consacrée précisément à des
compositeurs qu'elle aimait beaucoup : Les compositeurs russes , un
concert durant lequel elle a joué un titre extrait de ses "souvenirs
d'enfance" ... A l'annonce de sa disparition seul un hommage musical
semble s'imposer par sa musique qui nous émouvait si souvent.
Que ce soit seule ou avec son complice le pianiste Boris Berezovsky
, tant de fois elle a pu émouvoir... ainsi ci-dessous deux extraits,
l'un repris sur la page de son dernier disque Brahlms enregistré
avec lui paru sous le label Mirare en 2011 et l'autre sur youtube, extrait
précisément de ce disque "Souvenir d'enfance"
paru aussi chez Mirare.
Piano quatre mains
Danse hongroise n°4
Brigitte Engerer
Boris Berezovsky
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous
écouter Moussorgsky - Brigitte Engerer - Une Larme ,
piano
Brigitte Engerer,
A 17 ans, cette native de Tunis quitte Paris et accepte l'invitation
du Conservatoire de Moscou et part étudier en Russie, bien avant
la perestroïka.
« Brigitte Engerer est l'une des pianistes les plus brillantes
et les plus originales de sa génération. Son jeu se caractérise
par son sens artistique, son esprit romantique, son ampleur, la perfection
de sa technique, ainsi que par un science innée d'établir
le contact avec l'auditoire ». Celui qui parle ainsi, Stanislas
Neuhaus, a été son professeur pendant cinq ans. Les leçons
de ce grand maître et magnifique pianiste la marquent de façon
indélébile et influent toute sa carrière et sa
pensée musicale. Une partie d'elle-même est devenue russe
à jamais.
Brigitte Engerer a joué avec les plus grands : A l'âge
de 25 ans, Herbert van Karajan l'invite à jouer avec l'Orchestre
Philharmonique de Berlin puis à participer aux fêtes du
centenaire de l'orchestre. Par la suite, elle fera ses débuts
avec l'Orchestre de Paris sous la baguette de Daniel Barenboïm,
puis avec le New York Philharmonic Orchestre sous la direction de Zubin
Mehta. Sa carrière internationale la mènera dans toutes
les plus grandes villes du monde, avec les orchestres les plus renommés,
et sous la baguette de prestigieux chefs d'orchestres.
Mais elle aimait aussi partager et ne concevait pas sa vie de pianiste
sans la musique de chambre avec ses amis de toujours : Boris Berezowski,
Michel Beroff, Gérard Caussé, Olivier Charlier, Henri
Demarquette, David Geringas, Alexander Kniazev, Oleg Maisenberg, Hélène
Mercier, Dimitri Sitkovetsky, ou encore Laurence Equilbey et le Choeur
Accentus... Tout au long de sa carrière, elle a gravé
de nombreux disques dans de prestigieuses maisons comme Philips, Denon,
Warner, Mirare, Harmonia Mundi, ou Decca/Universal.
Une inlassable quête de la vérité musicale à
laquelle elle apporta la somme de ses talents : infaillibilité
des doigts, instabilité des sentiments, entre ces deux pôles,
Brigitte Engerer joua les équilibristes. A la perfection : c'était
une Artiste.
Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur, Commandeur
de l'ordre National du Mérite, Commandeur de l'Ordre National
des Arts et Lettres, Membre de l'Institut de France et de l'Académie
des Beaux-Arts, elle s'est vue remettre en 2011 la « Victoire
d'Honneur » pour l'ensemble de sa carrière, par les Victoires
de la Musique Classique.