Entretien avec le pianiste Rémi Geniet après son concert à la Folle journée de Nantes en 2014
Nouveau disque Bach paru en mars 2015

Le pianiste Rémi Geniet, 21 ans, donnait son premier concert à la Folle journée de Nantes , lors de cette édition 2014, sur la plus grande des scènes de la Cité des congrès : l'auditorium de 2000 places . Un concert événement qui a été filmé par Arte. Il a interprété avec l'ensemble Sinfonia Varsovia, et sous la direction de Robert Trevino, le concerto pour piano et orchestre n°3 en ré mineur de Rachmaninov. Un concerto qualifié de "redoutable" qu'il a souhaité apprendre, dès l'âge de treize ans, sans même avoir joué les précédents du même compositeur, jugés plus faciles techniquement . Et un concerto qu'il a interprété nombreuses fois depuis le concours Reine Elisabeth 2013 où il a obtenu le second prix précisément en jouant cette oeuvre. Rencontre avec pianobleu.com après ce concert... et vidéo du concert filmé par Arte ( nota : celle-ci n'est plus disponible sur internet, découvrez par contre son nouveau disque d'oeuvres de Bach , plus bas dans cette page, avec un extrait à écouter )

Avez-vous souvent joué ce concerto de Rachmaninov depuis le concours Reine Elisabeth , et dans ce cas vous lassez-vous de l'interpréter, ou avez-vous plutôt interprété d'autres concertos depuis ?
J’ai joué ce concerto huit fois dans une tournée juste après le concours Reine Elisabeth, puis je ne l’ai pas rejoué jusqu’à aujourd’hui. J'ai commencé à l'apprendre dès l'âge de 13 ans et je ne me lasse pas de le jouer ; au contraire cela m’a permis de le retravailler. Je n’ai pas encore eu l’occasion de jouer beaucoup de concertos: le premier et le troisième de Beethoven, le concerto de Schumann, le concerto de Mendelssohn, récemment j’ai joué le concerto n° 20 de Mozart à Saint-Petersbourg. Sinon, je donne surtout des récitals solo et des concerts de musique de chambre.
C'était votre premier concert à La Folle Journée de Nantes, comment avez-vous vécu ce celui-ci ?
Chaque concert est toujours un peu stressant, parce que l’on sait qu’on va être jugé, comparé à d’autres… Là, l’orchestre est excellent, le chef aussi, le pianiste, je n’en sais rien ! Le problème est qu’il n’est pas possible de faire assez de répétitions car il y a beaucoup de concerts : une heure seulement, et pas dans la salle du concert. On n’a donc pas idée de ce que cela va donner sur le plan acoustique. Heureusement la salle était bonne et cela ne nous a finalement pas inquiété. De grands medias, Arte et Radio France, sont présents à la Folle Journée, donc c’est un peu stressant, comme pour un concours ! En Russie, les concerts filmés sont soigneusement préparés à l’avance, l’orchestre et le musicien ont pu jouer ensemble plus longtemps. Pour les concours, le problème est identique ; les candidats français n’ont pas beaucoup pu se préparer avant un concours : ils ont très peu souvent eu l’occasion de jouer avec des orchestres, contrairement aux pianistes de Russie ou d’Asie.
Poursuivez-vous une formation actuellement ?
A la base, j’ai surtout reçu une formation auprès de professeurs russes. Je continue de recevoir les conseils de Rena Shereshevskaya avec laquelle j’ai commencé à prendre des cours à l’âge de 14 ans à Colmar. Comme j’habitais Montpellier, je passais la nuit dans le train pour pouvoir bénéficier de ses cours. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec cette pianiste russe, professeur géniale dont j’avais entendu des élèves. Elle enseignait à l’école municipale de Colmar, ville très connue pour son festival. En France, il manque une école pour les enfants surdoués. Désormais, elle enseigne aussi à l’Ecole Normale de Musique Alfred Cortot à Paris. Depuis quelques mois, je reçois aussi les conseils d’Evgeni Koroliov à Hamburg.
Vous semblez avoir une idée très précise sur l'enseignement , vous-même aimeriez-vous être enseignant ?
Non, en France on a tendance à penser que les bons artistes vont être de bons professeurs, ce qui n’est pas forcément vrai. Le problème est de savoir expliquer, or quelqu’un de naturellement doué aura déjà une bonne technique dès 12 ans et, lorsqu’il enseignera, il ne saura pas comprendre pourquoi cela ne fonctionne pas chez quelqu’un d’autre. Il dira juste de travailler. Mais comment ? Les gens les plus doués sautent des étapes… C’est pour cela que l’on voit souvent réussir des enfants de musiciens qui, eux-même, n’ont pas eu la carrière professionnelle qu’ils auraient voulue. Ils ont pu repérer ce qui ne marchait pas et aider leurs enfants à éviter ces écueils.
Vous parents sont-ils musiciens ?
Mon père est guitariste amateur. Dès l’âge de deux ans, j’allais à des concerts de jazz. C’est important aussi d’écouter de la musique quand on est très très jeune, de 0 à 5 ans .
Un bébé a pleuré pendant que vous jouez tout à l'heure, cela vous a-t-il dérangé ?
Ça allait, cela m’a rappelé qu’il y avait un public dans la salle ! C’est plus agaçant d’entendre les gens tousser par réflexe, et parfois des téléphones portables… non, je ne veux surtout pas interdire aux bébés d’aller aux concerts.
Et en tant qu'auditeur avez-vous été, ou avez-vous l'intention d'aller voir d'autres musiciens pendant la Folle journée de Nantes ?
Je suis arrivé hier soir et je n’ai pas eu le temps. Je donne un récital solo demain soir, et donc je vais me reposer puis aller travailler. Je dois reconnaître que je ne suis pas un inconditionnel de la musique américaine : Carter j’aime beaucoup, j’aime bien les compositeurs de la seconde moitié du XXème siècle quand cela devient assez contemporain (Steve Reich…) mais je n’aime pas tellement ceux du début du siècle inspirés par le folklore américain. Mais j’irai peut être en écouter quelques uns.
Quel est votre répertoire de prédilection ?
Je joue surtout des compositeurs russes et germaniques : Rachmaninov, Scriabine, Prokofiev, Bach, Schumann, Beethoven, Mozart, Haydn. Un peu aussi des compositeurs français, Ravel que j’aime beaucoup et Debussy. Des compositeurs « contemporains » : Ligeti, Carter… Je prépare un programme chaque année et je l’adapte suivant la demande. Actuellement les Kreisleriana de Schumann, partita de Bach, des transcriptions de Rachmaninov, des œuvres de Prokofiev… J’essaie d’avoir un répertoire diversifié, et cette année j’aimerais aller vers Chopin et Scriabine. Je joue aussi en musique de chambre avec Henri Demarquette, Raphaël Sévère…
Donnerez-vous également des concerts dans le cadre de la Folle journée dans les les autres pays ?
Oui, je jouerai à Tokyo, je viens d’apprendre que ce sera aussi le concerto 3 de Rachmaninov.
Et quels sont vos autres concerts à venir ?
Prochainement, j’ai surtout des récitals en Belgique, je vais participer à un concert à Carnegie Hall à New York, donner un concerto de Mozart et une œuvre contemporaine de Michel Petrossian à Erevan, puis au printemps le concerto n°1 de Tchaïkovski à St Petersbourg et à Antibes. Cet été je jouerai au Festival de Radio France à Montpellier…
Rémi Geniet, piano
Rémi Geniet, marqué par les dernières années d'enseignement de la très regrettée Brigitte Engerer, a remporté à 20 ans le 2e prix du Concours International Reine Elisabeth de Belgique en 2013.
Etudiant en parallèle au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Ecole Normale de Musique Alfred Cortot dans la classe de Rena Shereshevskaya, il a obtenu en 2011 le Diplôme Supérieur de Concertiste à l’unanimité et avec les félicitations du jury. Désormais, il travaille également avec Evgeni Koroliov à la Hochschule de Hambourg. Il a étudié en outre la direction d’orchestre avec George Pehlivanian, la polyphonie de la Renaissance avec Olivier Trachier et la musique de chambre dans les classes de Marc Coppey, Michel Moraguès et Pierre-Laurent Aimard, en particulier avec le clarinettiste Raphaël Sévère et le pianiste Ismaël Margain. Rémi a bénéficié de master-classes avec Vera Gornostayeva, Tatyana Pikayzen, François-René Duchâble et Giovanni Bellucci.
Durant la saison 2013-2014, Rémi Geniet fait ses débuts au Carnegie Hall (Zankel Hall) et donne des concerts avec l’Orchestre Philharmonique de Saint-Petersbourg, l’Orchestre Symphonique de la Capella de Saint-Petersbourg, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre Philharmonique d'Arménie et le Sinfonia Varsovia. Il est invité au festival Pianoscope, à la Folle Journée de Nantes, à la Folle Journée du Japon et au Festival de Radio France. Il se produit en outre régulièrement en duo avec le violoncelliste Henri Demarquette.
Rémi Geniet est à ce jour le plus jeune lauréat du Concours International Beethoven de Bonn (3ème prix lors de l’édition 2011). Il remporte également en 2011 le 1er prix au Piano Interlaken Classics de Bern et est lauréat de nombreux autres concours, en particulier du Concours International Horowitz de Kiev avec le prix spécial d'interprétation Vladimir Horowitz.
Rémi Geniet s’est produit avec le Royal Flemish Philharmonic, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, l’Orchestre National Symphonique d'Ukraine, l’Orchestre Beethoven de Bonn, l’Orchestre National de Belgique, l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, l’Orchestre National d'Ile de France, l’Orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur, sous la direction de chefs tels que d’Emmanuel Krivine, Edo de Waart, Alan Buribayev, Volodymyr Sirenko, Michael Hofstetter, Marin Alsop, Philippe Bender, Stephan Blunier, Adrian Leaper et Pavel Gerstein.
Il a participé à de nombreux festivals en France et à l’étranger : Festival Vladimir Spivakov à Colmar, Les Pianos Folies du Touquet, Lisztomanias, Piano en Valois, Festival Bach de Toul, les Moments Musicaux de la Baule, Les Nuits du piano d’Erbalunga, Journées Internationales Alfred Cortot, festival Euriade aux Pays-Bas, festival Interlaken Classics en Suisse, festivals Juillet Musical d’Aulne et Eté Mosan en Belgique, Festival Bach de Montréal et Saint-Petersburg Arts Square International Winter Festival. Il a été invité au Salon Musicora 2012, à l’Auditorium du Louvre et a également donné des récitals à Vienne, Moscou, en Belgique, en Allemagne et en Pologne.

Nouveau
paru en mars 2015

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Partita n°4 en ré majeur
Caprice sur le départ de son frère bien aimé
Suite anglaise n°1 en la majeur
Toccata en do mineur

Rémi Geniet, piano

C'est aussi un voyage/portrait que le pianiste Rémi Geniet, nous propose dans cet enregistrement, également paru sous le label Mirare, et où l'on retrouve le Caprice sur le départ de son frère bien aimé, enregistré par Claire-Marie Le Guay ( voir ci-dessus) , ce qui nous laisse imaginer la liberté que laisse le label aux pianistes dans leur choix de programme, une grande chance pour eux ! Le pianiste, qui est à peine plus âgé que Bach lorsqu'il la composa, y met beaucoup de tendresse et transmet une émotion particulièrement touchante. Il a la chance d'avoir enregistré ce premier disque dans l'exceptionnel théâtre auditorium de Poitiers, et le son est de plus exceptionnel, une réverbération qui prolonge l'émotion....cliquez ici pour lire la suite et écouter un extrait
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