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Préludes Debussy Philippe Bianconi PIANO

Debussy (1862-1918)

24 Préludes

Philippe Bianconi, piano

Livre 1 (1909-1910)
Livre 2 (1910-1912)

"Debussy lui-même disait : " N'écoutez les conseils de personne, sinon du vent qui passe et vous raconte l'histoire du monde ". Tout est là, je crois. Il faut regarder et écouter la mer, le vent, les nuages….. Il faut s'ouvrir et être à l'écoute de la poésie et de la beauté qui sont en toutes choses en ce monde, et entrer en résonance avec elles, en essayant d'en approcher le mystère, sans jamais espérer parvenir à le résoudre. C'est exactement ce que fait la musique de Debussy. "... Tout est dit ( ou en fait presque rien... ) dans cette nouvelle déclaration du pianiste Philippe Bianconi à l'occasion de la sortie de ce disque, un événement pianistique de la rentrée, certes pas une surprise car l'interprète ne pouvait bien sûr pas manquer de célébrer le cent cinquantième anniversaire de la naissance d'un de ses compositeurs de prédilection, d'ailleurs la carte musicale de nouvel an de piano bleu pour cette année 2012 était illustrée par un de ses enregistrements.
Effectivement dès 2007, lors d'un premier entretien sur son parcours Philippe Bianconi(voir dans la page qui lui est consacrée) , confiait combien il aime depuis toujours la musique de ce compositeur, passion déjà confirmée l'année dernière dans un disque paru chez le label lyrinx comportant d'autres oeuvres. Ce nouvel album sort chez le nouveau label "La Dolce Volta", label qui a déjà acquis une grande réputation pour la qualité de ses productions, ainsi ce disque est accompagné d'un très beau livret notamment illustré non pas de peintures de l'époque impressionniste mais d'oeuvres d'un photographe contemporain, Axel Arno, qui laissent tout autant place à l'imaginaire.
Claude Debussy n'avait pas prévu que ces Préludes soient exécutés en une seule fois en concert et il joua lui-même dès le 25 mai 1910 quatre préludes du premier livre : "Danseuses de Delphes", "Voiles", "La Cathédrale engloutie" et "la Danse de Puck "; un témoin de de cette séance, Paul Landormy, rapporta ainsi ses impressions : "Il avait fait venir pour la circonstance un piano Erard, déjà d'un modèle un peu ancien, mais qui lui convenait particulièrement, un demi-queue effilé , à la sonorité fine, sans grand éclat, mais souverainement "distinguée" . On ne peut imaginer le parti qu'il retira des ressources relativement faible de cet instrument. On ne peut imaginer son jeu caressant, la subtilité de son toucher chantant, qui disait tant de choses, pour ainsi parler à demi-voix, et comme ses moindres intentions pénétraient, et ce qu'elles avaient parfois même d'incisif dans la réalisation" et un critique déclara : "Est-il un pianiste qui possède une plus jolie sonorité que Debussy sur l'Erard ? "( cf Biographie Debussy de François Lesure) ... deux commentaires qui font certes les louanges de l'interprète Debussy, mais absolument pas du compositeur ni de ses Préludes... ce qui pourrait laisser un peu perplexe quoique en fait c'est bien là aussi une des caractéristiques essentielles de ces oeuvres : leur qualité sonore et selon l'interprétation que l'on écoutera le ressenti peut être fort différent du fait de leur caractère poétique et mystérieux. Comme l'indique d'ailleurs Philippe Bianconi : "La musique de Debussy comporte une grande part de mystère, et quelles que soient les écoutes et le travail sur son œuvre, ce mystère ne se dévoile jamais tout à fait. Et c'est cela qui en fait le tout le prix. On peut essayer d'analyser tant qu'on veut sa musique, on finira par trouver des procédés de composition (encore que souvent le côté discontinu et imprévisible échappe à toute classification), mais il y reste toujours quelque chose qui parle à l'inconscient, à la part la plus insaisissable de notre être."...
Ainsi en ce qui concerne le Prélude "Voiles" que vous pourrez écouter plus bas, un des quatre que Debussy joua donc le 25 mai 1910, le doute demeure de savoir si les voiles sont marines ou aériennes... et cela ne vous ramènera sans doute pas sur la plage de vos vacances de l'écouter comme l'avait indiqué Debussy par contre une chose est certaine : à écouter ce disque de Philippe Bianconi, ici sur un piano Yamaha qu'il a spécialement sélectionné, on peut imaginer sans peine "le jeu caressant" de Claude Debussy lorsqu'il les joua lui-même ..."la subtilité de son toucher chantant, qui disait tant de choses, pour ainsi parler à demi-voix, et comme ses moindres intentions pénétraient, et ce qu'elles avaient parfois même d'incisif dans la réalisation" ! Un bel hommage qui fait revivre le compositeur !
Votre précédent disque Debussy avait été enregistré chez le label Lyrinx, pour quelles raisons ce disque paraît-il chez un autre éditeur ?
En juin 2011, j'ai été contacté par Florence Petros, la directrice de La Dolce Volta, label tout récemment créé et qui était sur le point de sortir un enregistrement de Sonates de Mozart par Aldo Ciccolini. Evidemment, le nom de cet immense maître du piano m'a impressionné.
Mais surtout j'ai été séduit par la personnalité de Florence Petros et son approche, dont les choix ne se soumettent pas aux lois du marketing, mais qui met au cœur du métier d'éditeur la relation entre un artiste et une œuvre ou un compositeur. Elle semblait vraiment désireuse de me faire enregistrer, et (pour une fois !) j'ai suivi mon instinct sans réfléchir et j'ai accepté, sentant que quelque chose se présentait que je ne pouvais pas laisser passer.
J'ai donc quitté Lyrinx, après de nombreuses années de collaboration, sans avoir rien à leur reprocher bien sûr, mais tout simplement parce que parfois dans la vie, quelque chose de nouveau vous appelle et vous sentez comme une évidence que c'est la voie à suivre.
La Dolce Volta m'a offert des conditions d'enregistrement absolument exceptionnelles : j'ai pu choisir librement mon piano, et leur directeur artistique/ingénieur du son, François Eckert, est absolument fantastique. C'est un grand professionnel, doublé d'un musicien hors pair, et capable d'une manière très subtile de faire sortir le meilleur de l'artiste.
Je ne reviens pas sur votre intérêt pour la musique de Debussy déjà évoqué lors du précédent entretien, et au sujet duquel Alain Cochard vous entretient également dans le livret, par contre quelle place particulière tient-il pour vous en 2012, outre la sortie de ce disque et le festival de musique en côte basque que vous nous aviez annoncé dès l'année dernière, et qu'en est-il des autres compositeurs que vous avez joué ou jouerez cet année. Vous avez été souvent boudé par les scènes françaises, Debussy vous a-t-il aidé à y revenir ?
J'ai enregistré un premier disque Debussy l'année dernière chez Lyrinx, et bien sûr en cette année anniversaire de Debussy, il me semblait naturel, outre l'enregistrement des Préludes, de lui donner une place importante dans mes programmes de concerts. Non seulement sur la Côte Basque, où je viens de donner l'intégrale des Préludes, mais aussi aux Serres d'Auteuil, au Septembre Musical de l'Orne, à Toulouse, à Bordeaux, à Marseille, à Rouen, où je donnerai toute une partie consacrée à Debussy. En complément, je jouerai du Chopin, qui me paraît toujours d'une grande évidence face à Debussy, mais aussi du Schumann. Schumann peut sembler beaucoup moins naturel face à Debussy, mais vous savez qu'il est un de mes autres grands amours musicaux, et en fait, malgré leurs univers très différents, je trouve aussi des points communs entre ces deux compositeurs. Notamment cette fondamentale liberté créatrice inlassablement revendiquée, et aussi l'arrière plan littéraire, très important chez l'un et l'autre.
Il se trouve que j'ai cette année une présence plus importante sur les scènes françaises. Je serais bien en peine de vous en donner les raisons. Peut-être le hasard ? Il faudrait interroger les organisateurs ! Quoi qu'il en soit, si Debussy y a contribué, j'en suis ravi !
Vous indiquez dans le livret au sujet du deuxième livre des préludes : " la virtuosité n'y a plus de sens en soi et se révèle constamment d'ordre poétique " , vous-même en tant qu'interprète comment avez-vous construit votre âme poétique. Y a-t-il notamment des conseils de lectures particulières de poètes ( ou autres écrivains) et tout autre artiste que vous donneriez à de jeunes interprètes pour les aider à construire une âme poétique qu'ils soient ou non contemporains du compositeur ? Merci de dire pourquoi et en quoi certains préludes de Debussy vous ramène éventuellement à ces artistes ?
C'est une grande question ! En ce qui concerne Debussy, j'ai essayé de m'imprégner de tout son environnement culturel. Il faut connaître les grands poètes, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, l'univers symboliste, les peintres Turner, Whistler. J'ai aussi lu tout ce qui me tombait sous la main, un grand nombre d'ouvrages sur Debussy, sa propre correspondance.
Je retiens deux livres admirables qui m'ont particulièrement marqué : " Debussy et le mystère de l'instant " de Jankélévitch et " Claude Debussy - La musique et mouvant " de Jean-François Gautier.
Mais le plus important, je crois, est de se souvenir de ce que disait Debussy lui-même : " N'écoutez les conseils de personne, sinon du vent qui passe et vous raconte l'histoire du monde ".
Tout est là, je crois. Il faut regarder et écouter la mer, le vent, les nuages….. Il faut s'ouvrir et être à l'écoute de la poésie et de la beauté qui sont en toutes choses en ce monde, et entrer en résonance avec elles, en essayant d'en approcher le mystère, sans jamais espérer parvenir à le résoudre. C'est exactement ce que fait la musique de Debussy.
Dans le livret de votre disque, votre label a incorporé des illustrations de Axel Arno, que pensez-vous personnellement de celles-ci ? Est-il prévu un concert où ses images seraient éventuellement projeté ou que penseriez vous d'une telle idée ? Avez vous eu l'occasion de rencontrer Axel Arno ou vous rendre à l'une de ses expositions ?
Il se trouve qu'Axel Arno est un ami, je connais et j'aime beaucoup son travail. La Dolce Volta a déjà fait appel à lui régulièrement pour illustrer plusieurs livrets de disques, dans un souci d'homogénéité éditoriale. J'étais évidemment d'accord lorsqu'ils me l'ont proposé, et nous avons essayé de trouver des photos dont l'esprit pouvait évoquer Debussy.
Il pourrait être en effet très intéressant d'envisager une manifestation/concert où ses photographies seraient projetées ou exposées avec de la musique, et notamment Debussy, mais rien n'a été évoqué pour le moment. L'idée est à creuser !
Claude Debussy a choisi de donner des titres à chacun de ses préludes qui en donne l'atmosphère mais à l'image de l'originale photographie qui vous représente le visage à moitié caché par votre veste pensez-vous que sa musique malgré ses indications comportent une grande partie cachée qui ne peut se déceler qu'après multiples écoutes ou un travail intensif sur son œuvre ?
Bien sûr, la musique de Debussy comporte une grande part de mystère, et quels que soient les écoutes et le travail sur son œuvre, ce mystère ne se dévoile jamais tout à fait. Et c'est cela qui en fait le tout le prix. On peut essayer d'analyser tant qu'on veut sa musique, on finira par trouver des procédés de composition (encore que souvent le côté discontinu et imprévisible échappe à toute classification), mais il y reste toujours quelque chose qui parle à l'inconscient, à la part la plus insaisissable de notre être. Comme je le disais plus haut, dans mon travail sur les Préludes, j'ai essayé en permanence d'être ouvert et de me laisser envahir par la magie de cette musique. Cela dit, tous les Préludes, sans exception, m'ont demandé un énorme travail sur le toucher, les timbres, les plans sonores afin de parvenir à donner vie à ce que chacun d'entre eux suscitait dans mon imaginaire.
Il est parfois difficile de lire tout un recueil de poésie à suivre, certaines demandant un temps d'arrêt et de réflexion. Quel est à votre avis la meilleure façon d'écouter votre disque : d 'une traite ou par recueil afin de se laisser surprendre, voir de commencer plus particulièrement certaines pièces pour ceux qui découvre l'œuvre de Debussy ou qui d'emblée après en avoir écouter une seule ont estimé ne pas aimer l'œuvre de ce compositeur ?
Debussy n'a jamais précisé qu'il fallait jouer ses Préludes comme un cycle, dans l'ordre de publication. Et de fait, on peut les écouter séparément, par groupe, ou encore le 1er, puis le 2e livre, et on en goûtera tout autant les beautés. Pour ceux qui découvrent l'œuvre de Debussy, peut-être est-il recommandé de commencer par les plus " faciles " : je pense à "la Fille aux cheveux de lin", à "la Cathédrale engloutie", à "Bruyères". En revanche, je ne suis pas sûr que les plus réussis quant à ce qu'ils évoquent soient toujours les plus accessibles. Je pense à "Brouillards" par exemple (une des pièces de Debussy les plus extraordinaires et les plus modernes), qui est certainement une réussite absolue dans l'évocation d'une " matière " brumeuse, mais qui peut certainement dérouter un auditeur non averti.
Cela étant dit, j'ai fait l'expérience récemment de jouer les deux livres en concerts (avec un entracte entre les deux), et c'est absolument fabuleux. Tout d'abord, je pense que l'on ne s'ennuie pas un instant, étant donné la variété des climats, des atmosphères, des caractères qui se succèdent. Et surtout, on est totalement immergé dans l'univers de Debussy, et les sortilèges de cette musique vous font voyager très loin.
Comment vous avez vécu cet enregistrement réalisé sur un piano Yamaha CFX et qui a eu lieu dans une église en février 2012, période très froide me semble-t-il ?
J'ai découvert ce piano, un Yamaha CFX, à l'occasion du récital que j'ai donné au Théâtre des Champs-Elysées en avril 2011. Comme beaucoup de mes collègues, j'ai toujours joué essentiellement sur Steinway, mais là, j'ai été très impressionné par cet instrument et j'ai pensé qu'avec ce nouveau modèle, Yamaha avait franchi une étape très importante, par rapport à l'ancien modèle de concert, en terme de perfection de la mécanique, et surtout dans la qualité du son. Lorsque La Dolce Volta m'a proposé de choisir mon piano pour l'enregistrement, j'ai naturellement pensé à ce CFX. Et lorsque j'ai essayé le prélude "Brouillards", ma décision était prise ! J'ai su que j'allais peut-être pouvoir approcher de l'idéal de Debussy qui voulait que l'on oublie les marteaux. J'avais l'impression que les cordes sonnaient comme si elles entraient en résonance sans le choc des marteaux sur elles.
Quant au lieu, une église du 11e arrondissement de Paris, il m'a été proposé par La Dolce Volta et François Eckert et je leur ai fait confiance. Les sessions d'enregistrement ont eu lieu fin février 2012, et la température était assez clémente à ce moment-là. Cependant, nous avons pris des risques en enregistrant dans une église en hiver, car si nous l'avions fait deux semaines plus tôt, lorsque l'Europe a été balayée par une grande vague de froid, nous aurions probablement dû annuler !
Philippe Bianconi sera en concert :
le 7 septembre 2012 : Paris, les Serres d'Auteuil (Bagatelles)
le 9 septembre : Septembre musical de l'Orne
18 septembre : Piano aux Jacobins (Toulouse)
22 septembre : Fénétrange
16 octobre : Rouen
22 octobre : Marseille
02 novembre : Saint Tropez

Pour écouter
Claude Debussy
"Voiles "( second prélude du livre 1)
Philippe Bianconi, piano
avec l'aimable autorisation
du label
La Dolce Volta
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ci-dessous

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(pas de son au début c'est normal !)

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